Le face à face Parents/Enseignants
Mai 2011
Le face à face Parents/Enseignants
(secondaire)
Dans le second degré, les parents de jeunes en situation de handicap se trouvent souvent confrontés à un dialogue difficile avec les enseignants de milieu ordinaire. La loi de février 2005 a fait naître de nombreuses attentes chez eux ; mais on sait que, sur le terrain, la réalité est plus complexe :
Pour assister à des réunions diverses, en accompagnant des familles, je voudrais signaler ici quatre points :
1- Je rencontre assez souvent des acteurs (autour de la table) qui ne sont pas au même niveau d'information sur le dossier, ou qui n'en ont qu'une vue partielle , pendant que les parents "souffrent intérieurement"..ou "explosent"(!)
2- De nombreux enseignants-référents sont tout simplement surchargés et ne peuvent réaliser qu'en partie l'accompagnement que les parents souhaiteraient.
3- Les enseignants ont beaucoup de peine à fournir une synthèse globale sur la situation scolaire du jeune, et laissent parfois des parents désemparés
face à une évaluation "floue".
Les explications sont multiples : l'éclatement en plusieurs disciplines, manque de formation, peu d'investissement pour les aménagements pédagogiques,
lisibilité réduite du parcours antérieur du jeune, difficulté à mettre en place une évaluation par compétences...
4 - Enfin , la multiplicité des acteurs, avec des champs professionnels divers amène des difficultés réelles de communication, d'où malentendus...
Ex : dans une récente réunion, le mot "difficulté attentionnelle" n'avait pas le m^me
sens chez l'enseignant, l'orthophoniste et ...le médecin scolaire !
Cette confrontation des points de vue n'est guère facile à vivre pour les parents
qui sortent parfois de la réunion...ne sachant que penser.
Pour comparaison , au contraire , dans les établissements médico-éducatifs, ce savoir-faire professionnel commun (médecins, éducateurs, enseignants...) arrive à se construire dans le temps, mais cela est chronophage : beaucoup de réunions et de concertations sont nécessaires.
Pour autant, malgré ces quatre points (j'en ai oublié sans doute) sur le terrain, je peux témoigner de rencontres réussies :
- quand elles sont préparées : par ex : un prof. principal qui a pris soin de pointer avec ses collègues de vrais "leviers" de réussite et qui sait partir aussi les savoirs-être du jeune (tel qu'il est )
- quand le dialogue valorise les prises de parole positives et non les discussions sans fin autour des difficultés de tous ordres.
- quand les aménagements pédagogiques retenus sont l'objet de suivis avec évaluation dans le temps et non une liste de "voeux pieux" ( début d'année)...
- quand l'enseignant-référent se préoccupe du "ressenti" des parents, à l'issue de la réunion
-quand des parents font des suggestions positives et sont entendus comme réels partenaires
IL Y A LES TEXTES (officiels, ambitieux, décrivant une situation idéale...)
IL Y A LE TERRAIN plus complexe de la mise en oeuvre, où les acteurs doivent
se mobiliser en vue d'un "savoir-faire" commun....Ce n'est pas encore gagné en Second degré... mais on y arrive peu à peu...
Il Y a AUSSI "l'effet pervers" de la loi de février 2005 où les parents sont reconnus comme les premiers "décideurs" en matière de scolarisation, revendiquent avec raison toute leur place, ont légitimement des exigences , mais , dans les faits, ne sont pas toujours bien accompagnés.
D'où des rancoeurs , des souffrances...que l'Institution scolaire doit , de son côté, savoir entendre.
Une vraie question enfin : comment faire pour diffuser les "bonnes pratiques" dans notre hexagone et d'une région à l'autre ?
Non pas en se référant sans cesse aux textes officiels, à ce qui devrait être fait, mais en mettant en valeur des situations réussies, avec quelques critères ...
Suis-je un peu trop optimiste (!), c'est en allant dans cette direction qu'on sortira du face à face Parents-Ecole qui ne peut qu'être stérile..mais cela ne se décrète pas ...
Robert FOREST
Directeur pédagogique
Centre de Formation Handica.Reussir
Villeurbanne
Article paru en partie dans la revue ETRE HANDICAP FORMATION N° 115 p.15